Dentelles et Nostalgie

On discutait avec Luby de ses cartes postales anciennes, si finement peintes, décorées, enjolivées qui lui viennent de sa grand-mère, et je lui conseillais de les mettre en valeur en les mettant en scène dans un cadre; je lui parlais d’un petit trésor ancien que je possède et que j’ai ainsi mis sous-verre pour pouvoir en profiter: il s’agit de la robe de baptême de mon père, qui a aussi été celle de son frère et la mienne

La précieuse petite chose a 9o ans puisque mon père était né en 1918 et ma grand-mère qui fut dentellière dans la région du Puy en Velay l’a entièrement conçue, coupée et cousue elle-même, bien sûr entièrement à la main;

encore plus beau elle a fait des kms de dentelle sur son carreau et a incrustée cette dentelle dans la robe; les coutures entre la soie de la robe et les dentelles sont toutes roulottées, pas une épaisseur, pas un fil qui dépasse ni un bout de tissu, les minuscules brides qui la ferment au dos font à peine 4 ou 5 mm, le bouton 3mm, et elle est entièrement ornée sur le devant et sur les manches de 159 minuscules petits plis religieuse d’1 ou 2 mm, tous bien sûr couchés patiemment à la main…

D’en parler à Karine m’a donné envie de vous la faire voir, du coup je l’ai lavée, (malgré le sous-verre, la poussière s’était glissée dedans) et je ne vous raconte pas le repassage de ce minuscule corselet et de tous ces petits plis; la soie est si fine que j’avais peur qu’elle reste sous le fer mais non, c’est du solide!

Admirez ce qu’on savait encore faire de ses 10 doigts, sans machine, sans beaucoup de facilités mais avec tellement de goût et d’habileté:

(Cliquez sur les photos pour les avoir en gros plan bien net)

ici, je suis admirative de l’ingéniosité du montage des manches au corselet: une minuscule dentelle comme un petit jour réunit les deux morceaux, les coutures de fixation sont presque invisibles

la photo ci dessous montre l’envers , les coutures roulottées sur à peine 1 mm pour réunir dentelle et tissu :

quelques uns des plis religieuses:

les brides miniatures et toujours cet envers aussi beau, propre et net que l’endroit

Elle s’appelait Maria, elle était née en 1889, l’année de naissance de la Tour Eiffel,  dans un tout petit village de la Loire, Miaune sous Retournac…elle a épousé Benoit,  un charpentier couvreur et a eu deux garçons dont l’un est mort à 7 ans, et toute sa vie elle a cousu, dentellé, crocheté et tricoté, je ne l’ai jamais vue autrement qu’avec un ouvrage dans les mains, même quand elle n’y voyait presque plus.